« Olivier nous a quittés ». Cette seule phrase contient toute la violence que ressentent les Aériens à cette heure-ci. Nous dont la passion était de dire des mots ensemble, nous avons le souffle coupé. Comment comprendre, comment donner un sens, comment même accepter la brutalité avec laquelle a disparu celui qui était notre camarade de jeu, devenu pour beaucoup un ami ? Comment se représenter son absence définitive, comment imaginer qu’on ne s’appellera pas bientôt, qu’on ne se donnera pas rendez-vous dans une salle de répétition à Fontaine, dans un café à Grenoble, ou dans le Vercors où il s’était installé avec Francine, Alizé et Solène, que nous avions appris à connaître, que nous avons vu grandir pour les deux dernières, et à qui nous pensons si fort ?
On en est tous là. Sonnés. Désorientés. Choqués. On échange des textos incrédules, on s’appelle en sachant que l’autre ne va pas mieux que nous, qu’il n’a pas plus de réponse à tous les « pourquoi ? » qu’on a envie d’adresser. On repense évidemment à Christian, dont nous avions accompagné le dernier voyage avec toi, et à propos de qui tu avais évoqué «cette envie dévorante de vibrer sur scène, de se glisser dans des peaux qui ne sont pas les nôtres, d'essayer de ressentir différemment». On est assailli d’images et de souvenirs, on est tenté de les refouler, on s’y abandonne. Et on pleure.
On pleure tous ceux à qui Olivier a donné vie, en y mettant de son humour, de ses convictions et de son énergie : le « Constant » d’Oscar Wilde, le détective foutraque imaginé par Guitry, Dacquin le Français d’Algérie épris de justice, le mage Radjapour qui n’était autre que Marcel Pélucha, et on en passe. On pleure ses yeux rieurs, qui scrutaient nos réactions lorsqu’il nous soumettait un projet d’affiche. On pleure les fous rires en répétition ou en coulisses, les repas où il participait au bonheur d’être ensemble. On pleure la jeunesse qui s’en va, le vieux copain qui part avant l’heure. On pleure sa bienveillance, son écoute, son engagement, sa sensibilité.
Olivier ne nous a pas quittés. Il est parti, mais nous serons toujours avec lui.
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